Les récifs artificiels en Méditerranée, constructions écologiques sous-marines
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Commission Mer et Littoral de EELV – Fiche Thématique – janvier 2002

 

 

Cette fiche est issue du travail des militants d’Europe-Ecologie-Les Verts et a été validée par la Commission Mer et Littoral de EELV. Il ne s’agit néanmoins pas de la position officielle d’EELV sur le sujet.


 

Etat des lieux

La Région Languedoc-Roussillon est pionnière en France : en 1968 premières immersions de récifs artificiels à Palavas. Construits dans un premier temps avec des matériaux de récupération ou de construction, ils sont maintenant constitués de matériaux manufacturés en béton marin armé. On en trouve à Agde, Gruissan, au Canet, à Marseillan. Une collaboration étroite a été menée entre des ingénieurs et universitaires, les communes et les prud’homies. En effet, certains récifs sont positionnés afin d’empêcher le chalutage illégal dans la zone des trois milles. La coopération entre scientifiques et pêcheurs semble être un gage de réussite. Le module récifal, par son volume et sa configuration, constitue un habitat et un lieu de frai favorables pour la faune marine qui y trouve une nourriture grâce à la colonisation par les algues et les invertébrés benthiques. En France environ 33000 m3 de récifs ont été immergés en 2000 en une vingtaine de sites.

En Région PACA, dans le Parc Marin de la Côte Bleue, des récifs de production ont été positionnés afin d’enrichir les fonds marins et augmenter la biodiversité. Des récifs de protection anti-chalutage protègent cette zone car on se trouve dans un parc régional marin. A la Ciotat, quelques récifs ont été immergés.

Dans le Var, les expériences sont rares et précieuses.

Dans le Parc national marin de Port-Cros des récifs ont été positionnés pour la recherche scientifique

Des expériences ont été menées par G. Cooper dans le golfe de Giens pour la mise en place de récifs artificiels destinés à protéger des implantations de posidonies et créer un enrichissement de la faune et flore.

A Cavalaire  existe un projet Tibériade pour créer une nouvelle zone marine attractive sous ses aspects : halieutique, écologique, esthétique et éducatif. Le but de cette association est d’implanter des récifs spécialement conçus pour des espèces recherchées et autour de cet ensemble central, positionner d’autres récifs en différents points. Les autorisations préfectorales ne sont pas encore obtenues.

Le but est la revalorisation du patrimoine sous-marin des côtes varoises.

Ce sont des aménagements réalisés par l’homme qui modifient un équilibre. Aussi est-il nécessaire de déterminer avec précision l’impact écologique dans une zone déterminée mais cependant dans le sens d’une utilisation rationnelle et optimale.(mise en parallèle avec la plantation d’arbres pour reconstituer une forêt).

Débat en cours, type d’évolution possibles et enjeux

Préserver la pêche côtière, enrichir les fonds marins car tout récif constitue de nouveaux substrats pour une multitude d’espèces benthiques ou pélagiques est un objectif louable

On s’achemine vers une nouvelle génération de récifs artificiels paysagers pour aménager un site sous-marin choisi. Travail d’architecte marin pour étudier la zone d’implantation dans sa globalité, proposer la meilleure implantation par rapport aux courants, à la topographie, à l’environnement.

Un projet d’envergure devrait voir le jour en rade de Marseille pour développer les ressources halieutiques de la rade par l’implantation de 40 000 m3 de récifs artificiels d’ici 2006.

Un autre projet devrait peut-être voir le jour  prochainement dans les eaux varoises.

Son but est d’adapter le principe des “ récifs tours ” japonais aux spécificités du littoral de la Région Provence Alpes Côte d’Azur tant au niveau environnemental qu’au niveau de la flore et de la faune. Placée sur un fond sableux de 60 mètres, cette tour de 14 mètres à la base et 30 mètres de hauteur ressemble, pour les poissons, à un “ tombant ” rempli de grottes et d’alvéoles.

De nouvelles recherches vont se développer dans l’enrichissement et la réhabilitation de fonds marins dégradés.

De forme et de matières différentes, les récifs sont adaptés à l’utilisation souhaitée. La forme des récifs a une grande importance dans la mise en forme d’un paysage marin. Il est certain qu’un amas de pneus ou des produits de récupération ne présentent pas le même intérêt que des récifs destinés à créer un nouveau parc marin paysager même si les objectifs de revitalisation des fonds marins peuvent sembler être les mêmes. Aussi, depuis quelques années, on privilégie une recherche sur les formes de récifs adaptés à leur fonction : les récifs implantés pour prévenir le chalutage sont des modules de protection qui permettent le blocage des chaluts sans se renverser ni s’ensabler. Leur poids est de 10 à 12 tonnes ! Certains sont des récifs buses montés sur socle. D’autres sont réalisés à partir d’anciens poteaux EDF.

Une fois la zone mise en sécurité, on peut alors implanter des récifs de production. Une recherche architecturale est effectuée pour chaque site d’implantation : nature des matériaux, formes des modules et taille des alvéoles, implantation des modules les uns par rapport aux autres, volumes à immerger. La circulation de l’eau doit s’effectuer jusqu’au cœur du dispositif de modules assemblés les uns aux autres. Il faut de l’ordre dans un désordre apparent.. L’environnement du récif doit être aussi soigneusement étudié : proximité de zones naturellement riches, profondeur de 35 mètres au maximum, un fond peu vaseux et peu pentu.

 

Prise de position proposée par la commission

Une grande disparité existe entre les départements littoraux et donc les préfectures maritimes. Dans certaines zones littorales, on refuse l’innovation et dans d’autres, tout est possible. Il faut donc harmoniser les possibilités offertes aux communes littorales. Ne pas laisser faire n’importe quoi et ne pas bétonner le plateau continental, mais permettre une certaine innovation scientifique et technique.

 

Les acteurs de la société impliqués dans ce débat

Les scientifiques, les pêcheurs, les plongeurs, les citoyens et les collectivités locales

 

Rédactrice de la fiche

Christine Sandel

EELV PACA