Brexit et licences de pêche : une crise supplémentaire pour nos pêcheurs artisans
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Bateaux de pêche, Port du Guilvinec, Finistère – Jeanne Menjoulet

La sortie du Royaume-Uni de  l’Union européenne pèse lourdement sur la pêche française, en particulier pour les pêcheur.se.s professionnel.les de Bretagne, des Hauts de France et de Normandie.

En décembre 2020 les professionnel.les étaient censé.es être rassuré.es par ces mots du représentant de La République En Marche, Pierre Karleskind, Président de la commission pêche du Parlement européen : « L’accord intervenu entre le Royaume-Uni et l’UE est plutôt une bonne nouvelle pour les pêcheurs bretons. » (1) Depuis le discours de la Ministre de la mer comporte beaucoup de paroles opaques et peu d’actes concrets réellement satisfaisants. Qui décide de quoi ? On a le sentiment d’un échec des négociations. La posture du gouvernement cache mal son incapacité à répondre au respect des engagements pris : « Des sanctions sévères contre Londres étaient évoquées début novembre, comme l’interdiction aux navires de pêches britanniques de débarquer dans les ports français. Puis plus rien. » (2)

Depuis, la réponse apportée par Madame Girardin a bien changé, elle parle désormais d’une possible sortie de flotte (3). Ceci, plutôt que de soutenir le secteur de la pêche artisanale à disposer de navires répondant aux exigences sociales, écologiques et économiques du XXIème siècle. Nous relevons le contraste saisissant entre décembre et aujourd’hui. Sans doute aurait-il fallu donner davantage de place aux représentants des professionnel.les, aux liens de proximité historique entre les territoires des deux côtés, mais ne pas non plus oublier la capacité de nuisance de la diplomatie britannique.

De plus, le gouvernement ne répond pas aux questions qui fâchent : qu’en est-il d’un armateur disposant d’un droit reconnu qui changera de bateau ou le vendra ? La réponse du gouvernement, un plan de sortie de flotte, est déconnecté des attentes des professionnel.les de la pêche, qui ne demandent rien d’autre que de continuer à exercer leur métier dignement. Le gouvernement tente d’acheter la paix sociale, mais ce n’est pas de la politique responsable. Il s’agit bien d’une perte de confiance, d’un échec de plus et d’une incapacité à disposer d’une politique de la pêche solide réellement aux côtés de la pêche artisanale (voir à cet égard notre cahier d’acteurs dans le cadre du FEAMPA) (5) Tous les partis prennent la parole. Mais nous sommes bien les seul.es à nous y être intéressé.es !

En cette journée mondiale des pêcheurs artisans et des travailleur.se.s de la mer, il est important de rappeler que les problématiques rencontrées par le secteur de la pêche sont bien loin d’être uniquement liées au Brexit. Il s’agit de ne pas oublier que la crise du secteur est systémique, et découle du soutien à un modèle de pêche non-durable, qui met en danger l’océan et les populations qui en dépendent. Tant que les pêcheurs artisans seront mis en concurrence avec des navires-usines qui dévastent les fonds marins, l’avenir de ces professionnel.les de la mer est incertain. Mais il faut aussi à tout prix anticiper les chocs dus aux variations (et surtout aux augmentations) des prix du fioul pour les navires, et limiter notre dépendance à ce carburant, en développant des alternatives viables.