One Ocean Summit : un sommet pour qui ?
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Du 9 au 11 février s’est tenu le One Ocean Summit, consacré aux enjeux maritimes.  Il s’est avéré être un rendez-vous en trompe-l’œil tant les annonces des « Engagements de Brest » sont insuffisants, eu égard à l’urgence.

Pire, certains contredisent les objectifs affichés, à l’exemple de la volonté d’exploitation « durable » des grands fonds marins, que le gouvernement français a sérieusement mis à l’agenda en 2021, dans le but d’en exploiter les métaux rares et matières critiques, particulièrement en Outre-mer. Ce serait une catastrophe pour ces espaces fragiles.  

Le Président Macron, en fin de mandat, dispose de l’agenda européen de manière à bénéficier de la couverture médiatique. Néanmoins les mots font craquer l’aspect lisse de ses paroles. Ainsi le ministre des affaires étrangères de Madagascar fustige les puissants en les interpellant : « La mer nourricière pour qui ? ». Il fait état de ses difficultés à négocier avec l’Union européenne, à surveiller les eaux (laissant le champ libre au pillage des mers), le dérèglement climatique (causé par les pays du Nord) fermant de l’instabilité dans le sud.  « Où sont les 200 milliards, promesses avec l’accord de Paris ? ».  M. Macron, qui préside le Conseil de l’UE, n’y répond pas.

Il se contente de quelques annonces telles que la création d’un institut, le passage des TAAF en réserve naturelle nationale, le doublement des aires sous protection forte, passant de 2% à 4%, alors que notre engagement doit être de 10% et que sa définition de « protection forte » ne correspond pas à celle de l’UICN.  Les moyens ne sont pas prévus. Et il n’a pas été question des pollutions d’origine terrestre tels que les pesticides !  Or, il n’est plus à démontrer que les territoires d’Outre-mer ont un patrimoine d’exception. Mais cette biodiversité est menacée par la surexploitation des espèces vivantes et des ressources naturelles, la prolifération des espèces invasives, les pollutions,  les intempéries, la montée des eaux …  

Au contraire d’Emmanuel Macron, nous Écologistes, avons une vision claire des mesures à prendre pour protéger l’Océan, sa biodiversité et lui permettre de continuer à jouer notamment son « rôle d’amortisseur » des effets du dérèglement climatique. 

Pour les Outre-mer, il nous revient de prendre une part active à la défense de son environnement, même au-delà des 200 milles nautiques.

Les enjeux sont connus : défense des fonds marins contre l’exploitation et la prédation, donc interdiction de l’exploitation minière des minerais profonds notamment les nodules polymétalliques ;

Protection et valorisation de la biodiversité marine (littoraux, mangroves, mers intérieures et océans) et des ressources halieutiques ;

Lutte contre les invasions biologiques marines qui sont une composante essentielle du changement global des écosystèmes marins et côtiers au niveau mondial ;

Lutte contre toute forme de pollution, notamment terrestre (plastique…). 

Pour nous écologistes, les Outre-mer ont un rôle essentiel à jouer dans l’évaluation de l’impact écologique (dégradations du plancher océanique, conséquences sur les courants et sur les écosystèmes des abysses) et dans le manque de connaissances scientifiques sur les processus de régénération dans l’environnement marin et de reconstitution à l’état initial d’un écosystème gravement endommagé. 

Nous appelons à soutenir résolument le moratoire de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature qu’Emmanuel Macron a balayé, de manière à interdire l’exploitation des fonds marins. 

Nous engagerons la France sur un objectif réel de 10 % de protection forte des aires marines protégées avec des plans de gestion et des couloirs écologiques.

Nous agirons, avec les acteurs concernés, de manière à restaurer les zones fortement impactées.

Et nous soutiendrons les sciences océaniques dont les résultats devront être partagés. 

Les enjeux maritimes sont décisifs car l’Océan planétaire, à l’origine de la vie avec sa biodiversité faunistique et floristique, se meurt. Grâce à l’Océan des réponses partielles peuvent être apportées pour lutter contre les conséquences des politiques économiques initialement occidentales. Mais cela ne suffira pas. Il faut une volonté écologiste manifeste pour arbitrer dans un sens structurel et durable les décisions fortes qui priorisent le Vivant Océanique, bien commun de l’humanité, tel est le sens de l’engagement écologiste avec Yannick Jadot.